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ROGER LELOUP
Né le 17/11/33 à Verviers (en Belgique)
Roger Leloup fit ses études d'arts décoratifs et de dessin
publicitaire aux Instituts St Luc de Verviers et de Liège.
Il aborda la bande dessinée en 1950 devenant l'assistant de Jacques
Martin en 1950 (pour la mise en couleurs et les décors d'Alix).
Il entra aux studios Hergé le 15 février 1953 pour
y travailler aux aventures de Tintin.
On lui doit en particulier le dessin et les aménagements du
jet du milliardaire Carreidas
dans Vol 714 pour Sydney et la modernisation
des véhicules dans l'Ile Noire. Continuant à assister Jacques
Martin, il dessine à cette même époque les décors
d'Alix (le jeune et blond héros gaulois) et de Lefranc (l'également
jeune et blond journaliste aventurier).
Parallèlement, de 1954 à 1957, il conçoit de nombreuses
planches techniques dans l'hebdomadaire Tintin, auxquelles on pourrait
ajouter la fiche technique du Carreidas 160 Jet, parue en décembre
1966, ainsi que quelques chroniques sur le modélisme, proposées
dans la version belge de l'hebdomadaire.
Leloup travaillait alors depuis 15 ans chez Hergé. Fin des années
60, ce dernier ne produisait plus beaucoup. Leloup dessinait mais s'occupait
également des relations publiques et préparait des dossiers
de presse pour Hergé. Il sentit peu à peu le besoin, un
peu comme un enfant voulant voler de ses propres ailes, de s'exprimer
à travers ses propres histoires.
Il chercha à travailler pour d'autres auteurs, notamment avec Francis
pour lequel il joua les "décoristes" dans les "Aventures
de M. Bouffu" et "Les Penseurs de Rodin" de 1966 à
1968 (dans J 2 Jeunes, le Soir Illustré et Spirou). Il collabore
également à "Jacky et Célestin", série
créée par Peyo ainsi qu'à une histoire des Schtroumpfs.
Peyo
lui proposa ensuite de reprendre "Jacky et Célestin"
sous son propre nom. Dans cette histoire se trouvait une petite fille
qu'il avait créée pour qu'elle joue la charnière
entre ses héros et un Japonais pas très sympathique. Il
lui avait adjoint une petite soeur qui s'appelait Yoko... C'est en dessinant
ce personnage féminin que Leloup se rendit compte qu'il l'intéressait.
Il remplaça donc Jacky et Célestin par Vic et Pol, dans
l'intention de créer des aventures fantastiques. Il comptait adjoindre
Yoko à la série pour lui donner un côté charme.
Mais petit à petit, il s'est attaché au personnage de Yoko...
J'ai reçu l'image ci-dessus de
Theo Jakiemów, elle a été prise durant une émission sur Antenne 2.
Il
lui donna un métier, électronicienne, et un nom, Tsuno (au
début, il comptait l'appeler Yoko Shirushi, mais ça sonnait
moins bien)... Il quitte les studios Hergé le 31 décembre
1969.
Peyo, le "père" des Schtroumpfs, l'encouragea et le présenta
à un autre "vieux loup" de la bande dessinée,
Maurice Tillieux. Ce dernier le poussa à voler de ses propres ailes
avec une histoire de Yoko Tsuno comme héroïne (cette fois
dans Spirou, en 1973) à laquelle il se consacre entièrement
depuis lors.
Leloup,
en s'inspirant de la réalité scientifique actuelle et d'avant-garde,
travaille avec une rigueur et une précision sans pareilles. Sa
documentation est particulièrement soignée et étudiée
au préalable : consultation d'ouvrages ou de personnalités
du monde scientifique, déplacements personnels dans des décors
naturels et réels. Tout ce qu'il décrit est du domaine du
réel ou du possible... Mais tout est "étudié"
au préalable... sur des bases existantes... Il ajoute à
cela une note de fantastique que lui inspire l'histoire ou la légende.
Il est marqué par l'école réaliste de Hergé,
pour lequel Leloup a une admiration sans borne (il dessine Yoko d'abord
nue, l'habille ensuite comme quand il dessine une carlingue d'avion...).
"J'ai pris à Hergé son plus gros défaut : la
maniaquerie. Mais également le fait de croire en son personnage.
Je crois en Yoko comme lui croyait en Tintin. C'est ce qui fait que le
lecteur peut y croire aussi".
Ci-dessous Roger Leloup avec Caroline Arssenault qui avait gagné un
concours d'imitation de Yoko au Canada.
Il
procède au découpage, au croquis, à la mise au net,
au coloriage, au lettrage, avec une précision et une conscience
qui font de ses bandes dessinées des joyaux ! Son dessin est net,
précis, sans bavures et, en même temps, plein de vie et de
mouvement. "J'ai une formule qui résume ma vision du métier
: je ne suis pas ingénieur, mais j'essaie de me montrer ingénieux".
En 1989, pour les éditions Duculot, il écrit son premier
livre de science-fiction, "Le Pic des ténèbres",
puis un autre roman deux ans plus tard (consacré cette fois à
Yoko Tsuno).
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De ses quinze années passées aux côtes d'Hergé,
Roger Leloup a retenu l'importance de décors précis pour
la crédibilité d'une bande dessinée réaliste.
"Ma formation est celle de décorateur. Le plus difficile a
été d'harmoniser le style des personnages avec celui des
décors.
Mais
dès le second album, c'était fait. "Sur Terre les véhicules
empruntés par Yoko sont, au boulon près, la représentation
de modèles existants; les façades des maisons, les intérieurs,
les monuments sont inspirés d'architectures que l'auteur a pu étudier
sous tous les angles, photographier ou filmer. Parfois, il a même
été jusqu'à construire des maquettes pour obtenir
plus de liberté dans le choix des plans.
"Lorsque
je réalise des histoires de science-fiction, je n'ai rien devant
les yeux. Tout est dans ma tête et je puis donc laisser libre cours
à mon imagination. Mais lorsque je reviens sur Terre, tout doit
être précis, documenté. Et c'est là que commencent
véritablement les problèmes: la recherche de tous les éléments
dont j'aurai besoin." Les superbes images de nature installent l'ambiance,
ponctuent l'aventure: panoramas, violentes scènes d'orage ou, au
contraire paisibles couchers de soleil. Mais c'est dans les scènes
de démesure, qui ramènent l'homme à sa juste valeur,
qu'il montre l'ampleur de son talent. Avec la cité du guide suprême
de Vinéa, la cité de Syrhâ sur Ixo, la ville satellite
Kifa ou encore l'orgue du diable dans sa crypte, ce sont de véritables
prouesses graphiques, de pure imagination, que Roger Leloup a réalisées.
"Quand j'imagine des décors, je dessine ce que j'aime",
conclut-il.
(photo Branca Heus) Voivi une maquette construit par Roger Leloup.
Il y a aussi un petit livre concernant "Roger Leloup, à Propos de Yoko Tsuno", écrit par Stephan Caluwaerts et André Taymans, ISBN 2-930348-01-1 éditié en avril 2001.
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